Idée fausse : les requins deviennent fous à l’odeur du sang

Le sang humain a la réputation d’attirer un requin à des kilomètres… FAUX !

Depuis les terribles films sur les requins tels que Les Dents de la mer, le requin traîne derrière lui la réputation d’un tueur assoiffé de sang humain. Mythe ou réalité ?

Une goutte de sang sentie à plusieurs kilomètres ?
On attribue souvent aux requins un sens de l’odorat presque surnaturel. Théoriquement, certains requins peuvent détecter du sang à raison d’une partie par million, soit dans un rayon d’environ 400 m (ordre de grandeur à pondérer selon la profondeur de l’eau). Les requins ont en effet un odorat aigu dû à un système olfactif sensible. Leurs narines sont, contrairement aux narines humaines, utilisées uniquement pour sentir et non pour respirer. Elles sont tapissées de cellules spécialisées qui constituent l’épithélium olfactif. L’eau s’écoule dans les narines, et les composés chimiques dissous entrent en contact avec les tissus, stimulant ainsi les récepteurs de ces cellules. Ces signaux sont ensuite transmis au cerveau et interprétés comme des odeurs.

Sur ce museau de requin citron faucille (Negaprion acutidens) sont visibles les ampoules de Lorenzini, petits pores sensoriels permettant de détecter les champs électromagnétiques générés par les poissons lorsqu’ils nagent. – © Thomas Vignaud

Grâce à l’extrême sensibilité de ces cellules et à un bulbe olfactif très développé dans le cerveau, les requins peuvent détecter des quantités infimes de certaines substances ; des capacités qui peuvent varier en fonction des espèces de requins et du composé chimique en question. Certains requins peuvent repérer une proie avec une seule goutte de sang dans une piscine olympique ! Cependant, un requin à plus de 400 m ne sentira pas le sang d’une blessure légère, car le sang se dissout très rapidement dans l’eau, devenant indétectable. C’est pourquoi les opérateurs de plongées en cage utilisent des matières grasses (comme de l’huile de poisson) pour appâter les grands requins blancs, car ces composés forment une « flaque » qui ne se dissout pas, est dispersée en surface au gré des courants et peut attirer des requins sur de grandes distances. Si l’on commence à saigner en nageant dans l’océan, il est donc possible d’atteindre le rivage en toute sécurité avant qu’un requin qui rôderait dans les parages décide d’attaquer.

Le mythe du cycle menstruel féminin
Bien qu’il existe de nombreux mythes et malentendus sur le cycle menstruel chez la femme, l’idée que le sang provenant des règles puisse exciter les requins et rendre les femmes en période de menstrues plus vulnérables aux attaques de requins n’est qu’une légende. Si les requins peuvent sentir le sang grâce aux composés chimiques (acides aminés) qu’il contient, ils ne l’interprètent pas comme une source potentielle de nourriture. Au contraire, ils sont plus intéressés par les acides aminés provenant du sang et des intestins de leurs proies de prédilection, c’est-à-dire d’animaux marins, comme les mammifères marins ou les poissons.
De plus, le sang menstruel n’est pas constitué que de sang, mais aussi de différents éléments issus de la muqueuse de l’utérus et d’autres sécrétions. Tout au plus, le temps d’une plongée, une femme perdra 80 ml de sang (environ 6 cuillères à soupe), et ceci en plusieurs fois. Si le sang se mêle à l’eau de la mer, il n’en restera qu’une trace infime.

Visuel haut de page : L’aileron d’un grand requin blanc fend souvent la surface lorsqu’il remonte la source odorante laissée par une carcasse de baleine.- © Johann Mourier

Source : 40 idées fausses sur les requins de Johann Mourier, préface de Laurent Ballesta, paru aux éditions Quæ

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