Pourquoi les déchets arrivent-ils à la mer ?

Outre les activités maritimes, toutes les activités humaines, qu’elles soient localisées sur le littoral ou non, produisent des déchets qui sont susceptibles d’être entraînés vers le littoral, s’ils sont jetés de manière inappropriée.

À titre d’exemple, les déchets domestiques (jetés à terre dans les rues) peuvent être retrouvés sur la côte par l’intermédiaire des caniveaux, des égouts et des cours d’eau, notamment en période de forte pluie. De la même manière, les déchets des décharges en bord de mer et de cours d’eau arrivent en mer à l’occasion d’une tempête ou d’une crue.

En Europe, les berges des rivières et des fleuves représentent un linéaire de deux millions de kilomètres pour seulement 100 000 kilomètres de côtes. Ces rivières et fleuves drainent les rejets de l’ensemble des activités continentales susceptibles d’affecter le milieu marin.

D’après le ministère de l’Environnement, les usagers des plages (baigneurs, promeneurs, pique-niqueurs, amateurs de sports aquatiques) produisent en moyenne, dans le cadre de cet usage, un litre de déchets par personne et par jour. Certains sont abandonnés et se retrouvent rapidement dans le sable ou en mer. Ce sont principalement des papiers gras, emballages alimentaires, restes d’aliments, des bouteilles ou canettes, des mégots et paquets de cigarettes, des papiers, des crèmes solaires, voire des vêtements.

 

Le problème des déchets en mer est en grande partie lié au déséquilibre
entre des sources terrestres ou maritimes, diffuses et peu contrôlables,
et des mesures de gestion parfois difficiles à mettre en œuvre. – © I. Poitou, MerTerre

Les décharges sauvages, notamment celles situées sur le littoral et à proximité des cours d’eau, constituent une importante source d’apports de déchets dans les rivières et sur le rivage. Même si la mise en place de déchetteries et de centres de retraitement a amélioré la situation, il reste quelques zones où s’accumulent des objets domestiques, allant du lave-linge au véhicule hors d’usage, en passant par les ordures ménagères et les produits toxiques. […]

L’activité portuaire génère également des quantités importantes de déchets de toutes sortes. Ces déchets proviennent de pertes lors de la manutention des cargaisons sur les quais et les navires, des activités de pêche, de l’entretien des bateaux sur les aires de carénage, mais aussi de l’abandon d’ordures ménagères. Il reste cependant encore beaucoup à faire pour limiter les rejets en mer et pour que tous les ports français développent et facilitent l’accès à des installations de collecte. De même, le contrôle portuaire des navires reste limité et doit être complété par un contrôle en mer plus difficilement réalisable, notamment la nuit.

La pêche et la conchyliculture sont générateurs de déchets qui finissent souvent par échouer sur les plages (cordages, casiers, bouées, filets, polystyrène, bidons, sangles et poches à huîtres, filets de bouchots…). La proportion de ce type de déchets peut être majoritaire dans les zones de pêche et sur certaines plages, notamment les cordages enchevêtrés. Les plaisanciers sont également responsables de rejets à la mer mais dans une moindre mesure.

Les déchets d’origine naturelle, bois flottés et non travaillés, font partie du fonctionnement normal de l’écosystème. Ils doivent être cependant pris en compte dans l’évaluation des impacts économiques car ils peuvent constituer une gêne pour les communes littorales lorsqu’ils s’échouent en grande quantité ou pour la navigation où ils agissent comme obstacles. C’est le cas par exemple à la suite d’orages et de crues, notamment dans les sites non entretenus.

Les macro-déchets en mer peuvent, par leur dégradation, être la source de déchets de petite taille, aux conséquences parfois plus importantes. Ces produits de dégradation ont des propriétés en mer, un devenir et des effets très différents des produits d’origine. À terme, ils constituent des micro-particules, le plus souvent de plastique, qui représentent un aspect très important du problème des déchets en mer.

Visuel haut de page : Si les apports terrestres représentent jusqu’à 80 % des apports de déchets à la mer, les fleuves et rivières en sont les vecteurs les plus importants. – © L. Colasse, SOS Mal de Seine

Source: Une mer propre, mission impossible ? 70 clés pour comprendre les déchets en mer de François Galgani, Isabelle Poitou et Laurent Colasse, paru aux éditions Quæ

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