Extrait Le jardin suit-il des modes ?»

Peut-on tout faire pousser dans un jardin ?

Que vous rêviez d’un jardin à la Versailles ou d’un petit potager en bordure de votre habitation, vous vous demanderez certainement si les plantes, fleurs et autres plantations de légumes que vous souhaitez sont adaptées à votre jardin. Mais existe-t-il réellement des restrictions ? Ne peut-on pas tout faire pousser dans un jardin ?

A priori, seules les conditions climatiques et pédologiques, ainsi que la superficie du terrain – certains arbres, comme le  platane ou le cèdre, demandant beaucoup d’espace – peuvent être un frein à l’implantation de certaines espèces. Dans les régions à sol calcaire et à pH basique, la plantation d’arbustes nécessitant un pH très acide, comme les rhododendrons, est déconseillée. De même, en l’absence d’ombrage, il faut renoncer à vouloir faire croître des plantes de sous-bois, qui ne supportent pas la pleine lumière ou, durant la nuit, la réverbération de la chaleur accumulée dans les murs recevant le soleil de midi ou du soir.

Mais la ou les réponses sur les associations végétales dans le jardin varient selon les époques. Car, dans le domaine des jardins comme dans bien d’autres, il existe des règles non écrites et des phénomènes de mode. A la fin du XVIe siècle, l’agronome français Olivier de Serres préconise de planter des légumes dans certaines parties du jardin d’ornement, comme les parterres de broderie (qui sont pourvus de buis taillés formant des dessins divers) afin d’utiliser au mieux une partie du jardin bien entretenu.  Mais, durant les siècles ultérieurs, les plantes légumières n’eurent plus le droit de cité dans le jardin fleuriste et encore moins dans le jardin d’ornement. Dans les années 1960, cette « hiérarchisation » des plantes sera explicitement notifiée dans de nombreux règlements de lotissements urbains interdisant toute culture de légumes et d’arbres fruitiers, considérant qu’ils manquaient de « noblesse » et de beauté !

Aujourd’hui, si les modes ont changé, si toutes les plantes peuvent être associées au gré des jardiniers, du moins en tenant compte des besoins et de leur compatibilité (vitesse de croissance, besoin de place, de soleil), les réglementations diverses, internationales, européennes ou nationales peuvent limiter les possibilités du jardinier. La culture de certaines plantes est réglementée et doit faire l’objet d’une déclaration préalable, comme la vigne, le pavot, le chanvre, ou encore est à monopole (comme le tabac pendant de nombreuses décennies en France). Depuis quelques années, chaque jardinier a une nouvelle responsabilité (actuellement plus morale que réglementaire), née de la protection des flores et faunes indigènes : il doit éviter de mettre en place dans son propre jardin des espèces exogènes dont le caractère envahissant est avéré, comme l’herbe de la pampa et le mimosa.

Source : Le jardin suit-il des modes ?  d’Yves-Marie Allain, paru aux éditions Quæ

Extrait Le jardin suit-il des modes ?

 

 

Une réflexion au sujet de « Peut-on tout faire pousser dans un jardin ? »

  1. Bonjour,
    merci pour les astuces, je confirme pour les plantes exogènes, il faut faire attention.
    Perso je cultive d’anciennes variétés dans mon jardin bio et je me suis déjà fait envahir par des framboisiers exogènes.
    Crdlt Lucie

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