Vers de meilleurs modes d’alimentation

Est-il possible d’adopter des modes d’alimentation qui procureraient une alimentation nutritive, saine et aux impacts environnementaux limités ? Oui, et les trois cas suivants, bien circonscrits géographiquement, en sont de bons exemples.

L’alimentation méditerranéenne
Ce type d’alimentation sobre, très bénéfique à la santé, est basé sur des aliments végétaux. Aussi, selon les calculs, le respect de la pyramide alimentaire méditerranéenne doit fortement réduire des impacts négatifs (surfaces cultivées, gaz à effet de serre, pollution par les pesticides, etc.).

Cela a été confirmé par deux études en Espagne. La première, sous la forme d’une modélisation, a montré que l’adoption d’une alimentation de type occidental par toute la population espagnole aggraverait la situation présente, quand l’adoption générale d’une alimentation méditerranéenne réduirait de 33 à 72 % les indicateurs (surface, eau, énergie et GES (Saes-Almendro et al., 2013). L’autre étude, menée sur une cohorte d’adultes, a montré que plus les individus ont une alimentation de type méditerranéen, plus ils réduisent leurs impacts sur les surfaces cultivées (– 29 %), l’eau utilisée (– 41 %), l’énergie consommée (– 14 %) et les émissions de GES (– 27 %), la viande de bœuf étant le plus important facteur expliquant ces différences (Fresan et al., 2018). Et ses auteurs d’en conclure que l’alimentation méditerranéenne est une option écologique.

En France, nous avons aussi montré que les adultes ayant une alimentation de type méditerranéen consomment plus de protéines végétales et moins de protéines animales (Seconda et al., 2017), ce qui est associé à des impacts notablement réduits. Et pourtant, malgré ses nombreux intérêts, l’alimentation méditerranéenne est hélas en voie d’abandon dans toute la zone. Renverser cette tendance devient donc une priorité d’intérêt général dans toute la région.

Une alimentation traditionnelle asiatique
Dans l’île japonaise d’Okinawa, on trouve de nombreux centenaires paisibles et en forme. Quel est donc le régime de cette population insulaire ? Une alimentation sobre et frugale (300 kcal/jour de moins qu’en France) composée à 78 % de végétaux (dont beaucoup de riz et de soja), avec un peu de porc et de volailles, peu de graisses, d’huiles et de sucre, et bien sûr beaucoup de poissons et d’algues. Des calculs montreraient aisément que ce type d’alimentation a des impacts environnementaux réduits. Récemment, beaucoup d’éléments de cette cuisine et alimentation asiatiques à base végétale ont été diffusés dans le reste du monde.

La nouvelle alimentation nordique (New Nordic Diet, NND)
Voici un bel exemple d’innovation vertueuse d’un système alimentaire nordique, qui actuellement ne satisfait pas les besoins nutritionnels et environnementaux. Des citoyens scandinaves (chefs de cuisine renommés, chercheurs en nutrition, formateurs, etc.) se sont inspirés des principes de l’alimentation méditerranéenne pour inventer un nouveau modèle alimentaire durable pour la Scandinavie, à présent recommandé par le Nordic Council, qui coordonne cette région.

L’idée était de proposer une alimentation à la fois reliée au terroir nordique et à sa culture, qui respecte la nature et soutienne la durabilité, et qui soit en accord avec les recommandations alimentaires. En pratique, elle préconise plus d’aliments végétaux produits régionalement (légumes, fruits, céréales complètes, protéines non animales), de l’huile de colza, des poissons nordiques, moins de produits laitiers, de viande et d’aliments/ boissons sucrés, l’évitement des aliments transformés. Et la consommation à 75 % d’aliments bio. Des études cliniques faites par des chercheurs scandinaves ont montré que l’adoption de ce régime plus végétal réduit des facteurs de risque cardiovasculaires. Bonne élève, la municipalité de Copenhague a suivi la leçon et incorpore 88 % d’aliments bio dans ses restaurants collectifs depuis 2017. Les
Français ne vivant pas au sud pourraient utilement s’inspirer de cette démarche.

On voit donc bien qu’une alimentation plus durable, adaptée à son environnement, est à portée de main, dans quelle que région où l’on soit, basée sur des traditions anciennes et/ou sur des approches innovantes récentes. L’OMS-Europe a d’ailleurs publié en 2018 un rapport sur l’intérêt des alimentations méditerranéennes et du NND, pour la santé et la durabilité (OMS-Europe, 2018).

Source : Manger sain et durable de Denis Lairon, paru aux éditions Quæ

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