Le « tapage » des phoques et des otaries

Les pinnipèdes émettent des sons très variés dans les basses fréquences et diffusent aussi dans les hautes fréquences. La plupart de ces animaux possèdent des cordes vocales ainsi qu’un ou plusieurs sacs près du larynx ou le long de la trachée artère. On ne sait toujours pas comment ils s’en servent pour émettre les sons qu’ils produisent.

Chez les phocidés, le phoque barbu produit des sons de longue durée suivis de mugissements. Sa trachée artère possède une membrane élastique sur presque toute la longueur de sa surface dorsale. Le phoque à capuchon peut gonfler un sac sur son museau et même, en fermant une de ses narines et en soufflant dans l’autre, faire sortir de l’une d’elles une partie extensible de la cloison séparant les deux fosses nasales, comme un sac rouge. Ce sac est utilisé visuellement pendant la saison de reproduction en hiver et lorsque le pinnipède agite la tête. Il l’utilise aussi pour émettre des sons.

Les éléphants de mer mâles sont très bruyants et leurs grognements et mugissements sont audibles à plus d’un kilomètre. Certains sons émis par ces immenses pinnipèdes sont aussi très sonores et métalliques. La chambre de résonance formée par la trompe qui obstrue les narines leur permet de se faire entendre très loin. Quant aux femelles éléphants de mer, elles émettent des sifflements bruyants et râpeux lorsqu’elles sont dérangées par quelques intrus. Le phoque de Weddell est aussi très bruyant, principalement sous l’eau. Il y diffuse près de 34 types de sons différents, dans un large éventail d’appels variant du bourdonnement sourd aux trilles rythmés et aux sifflements. Sur terre, ce phoque antarctique émet parfois, gueule fermée, des vagissements ou des déglutitions.

Le morse est le plus bavard des pinnipèdes. Il émet une grande variété de vocalisations qu’il produit, entre autres, grâce à des sacs pharyngiens bien développés et à une langue à la forme particulière. Le morse feule, rugit, mugit, grogne, grommelle, éructe, blablate, siffle, roucoule, aboie et beugle, tant sous l’eau que dans l’air. Il produit également d’étranges bruits de gongs. Les otaries et lions de mer sont également très bruyants. Ils grognent, aboient, bêlent, feulent, beuglent, gémissent, soufflent et trompettent. Les otaries poussent des sortes d’aboiements, aussi bien sous l’eau que dans l’air. Sous l’eau, elles ne produisent pas de bulles lorsqu’elles aboient.

Le morse est bruyant et il émet toute sorte de sons aussi étranges que des feulements ou des bruits de « gongs ». © Jean-Pierre Sylvestre

Ces sons produits par les pinnipèdes varient dans les deux fréquences : ils se situent par exemple entre 100 Hz et 12 kHz chez le phoque de Weddell ; entre 500 Hz et 164 kHz chez le phoque léopard ; entre 500 Hz et 6 kHz chez le phoque à capuchon, entre 200 Hz et 2,5 kHz chez l’éléphant de mer, entre 13 Hz et 550 Hz chez le morse, jusqu’à 2 kHz chez le lion de mer de Californie.

Plusieurs espèces de phoques émettent des clics ressemblant à ceux produits par les odontocètes lors de leur écholocation. On ne sait pas encore avec certitude si les pinnipèdes utilisent ces clics aux mêmes fins.

Visuel haut de page : © Jean-Pierre Sylvestre

Source:  Les Mammifères marins de Jean-Pierre Sylvestre, paru aux éditions Quæ.

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