Fidélité amoureuse chez les animaux, fidélité chimique ?

L’attachement d’un animal pour son partenaire sexuel pourrait être lié à l’hormone ocytocine.

L’ocytocine est une hormone de petite taille qui est synthétisée au niveau cérébral. Elle est impliquée dans de nombreuses fonctions physiologiques, notamment liées à la reproduction. En effet, elle joue un rôle dans le processus des contractions vaginales lors de la mise-bas ou dans l’éjection du lait lors de l’allaitement chez les mammifères. Elle a également une action locale au niveau du cerveau, influant fortement le déclenchement du comportement maternel, par exemple chez la brebis ou les rongeurs. Enfin, il a été montré qu’elle participe de manière importante à l’établissement d’un lien d’attachement durable au partenaire sexuel.

En effet, on a observé à travers l’étude de différentes populations de campagnols aux États-Unis que les campagnols des prairies (Microtus ochrogaster) et les campagnols des montagnes (Microtus montanus) se distinguent fortement dans l’organisation de leur comportement de reproduction. Alors que ceux des prairies sont extrêmement sociables et forment des couples monogames où mâle et femelle restent associés sur de très longues durées, ceux des montagnes n’entretiennent jamais d’attachement stable à un partenaire sexuel particulier, même après une longue période de cohabitation réalisée en laboratoire. Ces différences d’organisation sociale pourraient s’expliquer par une distribution cérébrale différente des récepteurs sensibles à l’ocytocine. En effet, si on induit expérimentalement l’expression des récepteurs à l’ocytocine dans une structure cérébrale (comme le « pallidum ventral ») chez des campagnols des montagnes, on transforme ces animaux volages en partenaires fidèles, qui se mettent à montrer une préférence sexuelle stable et durable pour un partenaire du sexe opposé.

L’hormone ocytocine est responsable de l’attachement entre la mère et son jeune, même chez le kangourou ! – © francoschettini – Fotolia (n°181561243)

De manière plus générale, l’ocytocine joue un rôle majeur dans les processus d’attachement social au niveau cérébral. Dans ce cadre, les études réalisées chez l’animal ont ouvert une piste chez l’humain : l’ocytocine pourrait servir à traiter des pathologies affectant ses relations sociales, notamment l’autisme. En introduisant de l’ocytocine par le nez, on a en effet montré son action positive sur le niveau de sociabilité des enfants atteints.

Visuel haut de page : Couple monogame de cygnes noirs, symbole de fidélité… pour les humains.. © Bernard Spragg. NZ – Flickr (n°33064803230)

Source: Les animaux et le sexe. 60 clés pour comprendre de Matthieu Keller, paru aux éditions Quæ

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