Amour et odeurs : 3 questions qui ont du nez !

Ces 3 questions vous en disent plus sur les liens entre l’odorat, les parfums et l’amour !

Comment trouver l’âme sœur avec son nez ?

Chez les animaux, c’est clair : nous avons tous vu les chiens se renifler l’arrière-train ! Cette zone anogénitale porte des glandes qui sécrètent de nombreuses sources d’indices olfactifs1. C’est vrai pour beaucoup d’autres animaux. Ces odeurs indiquent le sexe, l’état reproducteur, l’état de santé, mais aussi — ce qui est très important pour éviter la consanguinité — la distance génétique.

Pour se reproduire, il faut « sentir » le sexe opposé. Chez les mammifères, le sexe est déterminé génétiquement et les gonades (testicules et ovaires) se différencient dès la vie fœtale. Ensuite, lors de la puberté, ces gonades vont sécréter des hormones sexuelles qui imprègnent l’organisme en permanence et entraînent des différences physiques importantes mais aussi des différences de comportement et… des différences de sécrétions odorantes.

Si dans l’espèce humaine la reproduction peut avoir lieu toute l’année, chez la plupart des animaux sauvages, il existe une période plus favorable à la reproduction où les hormones sexuelles sont sécrétées plus activement. Les odeurs corporelles jouent alors un rôle critique car il importe que les mâles et les femelles puissent se rencontrer à ce moment favorable pour assurer la pérennité de l’espèce.

Chez l’animal, pourquoi marquer olfactivement son territoire ?

Le marquage du territoire par les mâles est bien connu. L’urine ou les fèces portent des messages olfactifs explicites. Un congénère qui renifle les traces au sol sait tout de suite à qui il a affaire. D’après ces clés olfactives, les femelles choisissent de s’accoupler avec les mâles qui possèdent le génotype le plus éloigné du leur, ce qui évite la consanguinité. Elles y trouvent également des indices de la santé du mâle. C’est très comparable au plumage des oiseaux : entretenir un plumage coloré et éclatant consomme de l’énergie. Le mâle doit donc être en bonne santé pour se permettre cette apparence luxueuse ! Or, la bonne santé est sans doute associée à de « bons gènes » qui vont donner une descendance robuste.

Chez les rongeurs, il existe un système élaboré de signalisation sexuelle. Beaucoup d’entre eux étant des animaux nocturnes, les signaux olfactifs jouent un rôle important par rapport aux signaux visuels.

L’urine des souris mâles contient des protéines qu’on appelle les protéines majoritaires de l’urine (ou MUP, major urinary proteins). Ces protéines, synthétisées dans le foie, sont très polymorphes, elles transportent des produits odorants liés au génotype du mâle émetteur mais aussi à son état nutritionnel. Elles portent donc à la fois une « signature » définissant l’identité génétique de l’individu et une indication sur sa santé. De plus, les MUP ralentissent l’évaporation des odorants, ce qui allonge la rémanence des traces urinaires sur le terrain. La production de MUP peut atteindre 1 g/jour pour une souris mâle qui pèse de 20 à 40 g ! Le coût énergétique est donc important mais il existe une compétition entre mâles, à qui marquera le plus le territoire afin de montrer sa dominance et séduire les femelles.

Bien que protéines, et donc non volatiles, les MUP jouent elles-mêmes un rôle de marqueur chimique de l’identité génétique du mâle émetteur. Elles seraient perçues par l’organe voméronasal, une « annexe » du système olfactif qu’on trouve dans le nez de beaucoup de mammifères, mais absent chez l’homme… qui ne possède pas de MUP.

Chez les souris mâles, on a identifié certains des composés odorants de l’urine dont la sécrétion est commandée par les hormones sexuelles. Les MUP portent le thiazole et la brévicomine, quant aux glandes préputiales, elles produisent des farnésènes. Tous ces produits peuvent être considérés comme des phéromones attractives pour les femelles. Ils stimulent l’agression entre mâles dominants (les mâles dominés ne produisent pas de farnésène).

Existe-t-il des odorants anti-aphrodisiaques ?

Certaines plantes ont cette réputation pour l’espèce humaine, comme le houblon ou la marjolaine. Bien sûr, de mauvaises odeurs peuvent « refroidir » l’ambiance, mais les odeurs corporelles fortes peuvent, au contraire, stimuler l’intérêt sexuel. Chez les souris, les odeurs des congénères du même sexe diminuent l’activité sexuelle. Mais le seul produit identifié pour ses capacités anaphrodisiaques est la 2,5-diméthylpyrazine, sécrétée par les femelles, et qui affaiblit les activités reproductrices chez les deux sexes.

C’est ainsi que le chevreuil porte-musc mâle possède une poche située entre le nombril et le pénis qui contient une sécrétion grasse à l’odeur très forte, le musc utilisé par les parfumeurs. Ce chevreuil a été chassé très longtemps pour l’industrie de la parfumerie. Maintenant que l’on utilise des muscs de synthèse, il est encore braconné pour ses qualités prétendument aphrodisiaques.

Source: Faut-il sentir bon pour séduire ? 120 clés pour comprendre les odeurs de Roland Salesse, paru aux éditions Quæ

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