Transmission de maladies entre les mammifères sauvages et l’homme

L’homme échange des agents infectieux avec les autres vertébrés. Les transmissions peuvent se faire dans les deux sens.

Les maladies qui en résultent portent le nom de zoonoses. Une zoonose est donc le résultat d’interactions entre trois acteurs : l’homme, l’agent infectieux (virus, bactérie, parasite…) et au moins un autre vertébré. La plupart du temps, c’est un mammifère sauvage ou domestique. Un quatrième acteur intervient parfois : un hôte intermédiaire, qui assure le passage de l’agent infectieux de l’animal réservoir vers l’homme, ou vice versa. Ce vecteur est généralement un invertébré (une puce, un moustique, une tique…). Les zoonoses sont loin d’être anecdotiques : elles représentent plus de 60 % des maladies infectieuses ! Certaines sont célèbres et redoutées. La peste fait partie de celles-ci. On se souvient encore des terribles épidémies qui ont frappé l’Asie et l’Europe à plusieurs reprises. Dans certains épisodes, elle a probablement tué des dizaines de millions de personnes sur de vastes espaces géographiques : on parle alors de pandémie. La pandémie qui s’est développée entre 1348 et 1350 aurait éliminé un quart de la population européenne. Le mammifère impliqué est le rat noir (Rattus rattus), et l’agent infectieux une bactérie nommée Yersinia pestis. Les puces (probablement celles des rats) ont joué les intermédiaires. La peste a peu de chance d’être contractée en France, d’où elle a disparu, mais elle persiste dans certains pays comme Madagascar, où des épidémies se déclarent presque annuellement.

La rage est également une source permanente d’inquiétude. Elle n’a pourtant jamais fait en France autant de victimes que la grippe. La rage est une maladie virale. Il existe plusieurs espèces de virus, voire de souches d’un même virus, circulant chacune dans des groupes différents d’espèces réservoirs (principalement des carnivores ou des chauves-souris). Le passage du virus d’un animal enragé à l’homme se fait généralement à l’occasion d’une morsure, mais aussi d’une griffure ou d’un lèchement. La France a été déclarée indemne de la rage du renard (rage vulpine) en 2000, mais des chiens enragés sont régulièrement importés illégalement depuis des pays où la rage canine est présente en permanence. La rage des chauves-souris est par contre présente en France, et il faut donc manipuler ces petits mammifères avec des gants(comme toute espèce animale sauvage, d’ailleurs).

D’autres zoonoses nous sont familières car présentes en France, et nécessitent qu’on y prenne garde. C’est le cas de la maladie de Lyme, une maladie bactérienne dont les espèces réservoirs sont, en Europe, les mulots, les cerfs et les chevreuils. Elle est transmise à l’homme via les tiques. En revanche, l’échinococcose alvéolaire, une maladie parasitaire, n’affecte normalement pas l’homme. Le parasite est un petit ténia. L’adulte vit dans l’intestin d’un carnivore sauvage ou domestique (renard, chien, chat), alors que la larve se loge dans un autre organe d’un campagnol, souvent le foie. Le campagnol s’infecte en mangeant de l’herbe souillée par des œufs du ténia évacués de l’intestin du carnivore avec ses excréments. Le carnivore s’infecte en mangeant un campagnol hébergeant des larves. L’homme s’infecte accidentellement en ingérant des œufs, possiblement en consommant des fruits des bois mal lavés, mais plus probablement en manipulant un renard fraîchement tué ou en caressant son chien. L’homme est un cul-de-sac pour la maladie : le cycle du parasite se rompt avec lui car la probabilité qu’il réinfecte un carnivore est pratiquement nulle.

De nouvelles maladies (dites émergentes) telles qu’Ebola ou le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) apparaissent régulièrement. Les causes principales sont certainement l’altération et l’envahissement toujours plus important des milieux naturels par l’homme. Cette situation augmente la fréquence des contacts entre faune sauvage et homme, et donc le risque d’apparition de nouvelles zoonoses.

Visuel haut de page : En Amérique du Nord, les ratons laveurs (Procyon lotor) sont des vecteurs de la maladie de Lyme ©  © H. Kuchera/Fotolia #167279370

Source: Les mammifères de tout poil de Patrick Haffner et Audrey Savouré-Soubelet, paru aux éditions Quæ.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *