Sclérose en plaques : qui consulter et quand ?

La marche à suivre dépend souvent des premiers symptômes éprouvés. Une grosse fatigue mènera vers un médecin généraliste, des troubles visuels auprès d’un ophtalmologue, des douleurs musculaires éventuellement vers un médecin du sport, etc. S’il soupçonne une sclérose en plaques, ce professionnel orientera alors le patient vers un neurologue.

Pour établir le diagnostic, les médecins doivent mettre en évidence la dissémination spatiale et temporelle des lésions. En clair, ils doivent montrer la présence de lésions
à différents endroits du SNC* – c’est la dissémination spatiale – et s’assurer qu’elles sont survenues à des moments différents et qu’il y a eu au moins deux poussées : c’est la
dissémination temporelle. Pour cela, deux cordes principales à leur arc : l’examen clinique et l’IRM.

Une patiente qui se plaint par exemple de fuites urinaires puis qui, six mois plus tard, se met à voir flou durant quelques jours, cela peut orienter le médecin vers le diagnostic de sclérose en plaques… mais pas seulement. Et si les troubles urinaires résultaient d’une faiblesse du périnée post-grossesse et les troubles visuels étaient dus à une atteinte du globe oculaire ? C’est là qu’intervient l’examen par IRM. Il va permettre de confirmer ou d’infirmer la présence de lésions dans les différentes zones du SNC. Mieux, il peut aussi conduire à déceler des lésions anciennes qui n’ont pas été accompagnées de
signes cliniques et qui seraient le signe d’une première poussée asymptomatique.

En cela, l’IRM a révolutionné la prise en charge de la sclérose en plaques. Des lésions sont déjà visibles par imagerie avant même les premiers symptômes. Aux premiers signes cliniques, 60 % des patients environ présentent déjà des lésions probablement plus anciennes. Et il y aurait en moyenne dix fois plus d’événements inflammatoires asymptomatiques (mais repérables à l’IRM) que de poussées visibles sur le plan clinique. Le fait de visualiser ces poussées non symptomatiques peut permettre de débuter le traitement plus précocement, ce qui a une influence positive sur l’évolution de la maladie.
On aurait tendance à penser que le nombre des lésions visibles à l’IRM est corrélé à une plus grande gravité de la maladie, une évolution plus rapide vers le handicap… Eh
bien non ! Lorsqu’on regarde l’évolution à 10 ou 20 ans, la corrélation est très faible.

Dernière possibilité pour compléter le diagnostic, les médecins peuvent demander également une ponction lombaire. Elle permet d’analyser le liquide cérébro-spinal, qui circule autour du SNC. Si celui-ci présente des marqueurs de l’inflammation, cela va dans le sens d’une réaction immunologique qui concorde avec l’hypothèse de la sclérose en plaques. En effet, le cerveau se comporte comme un gros ganglion inflammatoire activé, une signature que le malade va porter toute sa vie. C’est un élément de diagnostic supplémentaire. Et c’est aussi l’occasion de réaliser des analyses virales et bactériologiques afin d’éliminer d’autres diagnostics possibles : des pathologies infectieuses telles que le VIH, à l’origine du sida, le virus Epstein-Barr, qui cause des mononucléoses, le VZH, virus de la varicelle et du zona, le rétrovirus HTLV, dont certaines formes entraînent des leucémies, ou la maladie de Lyme, due à une bactérie transmise par une piqûre de tique.

* SNC : système nerveux central

Source : Alzheimer, Parkinson, sclérose… de Corinne Soulay, avec le professeur Bernard Bioulac, paru aux éditions Quæ

Alzheimer, Parkinson, sclérose...

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