Quand le changement climatique perturbe la migration des oiseaux

La hausse des températures modifie peu à peu les habitudes migratoires des oiseaux qui doivent alors adapter leur voyage aux nouvelles conditions climatiques.

La migration est un phénomène complexe régi par des adaptations sophistiquées d’ordre comportemental, physiologique et endocrinien. Elle implique aussi l’existence,aux différentes étapes du voyage, de ressources permettant aux oiseaux de reconstituer périodiquement leurs réserves d’énergie. Les changements climatiques pourraient troubler le subtil équilibre qui s’est établi entre ces différents facteurs. On sait déjà que les migrateurs peuvent répondre de plusieurs façons aux dérèglements climatiques : ils peuvent réduire la longueur de leur voyage, voire se sédentariser, ou au contraire se voir obligés de l’allonger. Bien des facteurs pourraient expliquer les sérieux déclins de populations constatés chez plusieurs espèces de migrateurs transsahariens comme le pouillot fitis : dégradation des aires d’hivernage, augmentation des distances à parcourir, modification des routes de migration, diminution des ressources sur les trajets migratoires. À cet égard, la famille des fauvettes est intéressante car sur les dix-sept espèces qui nichent en Europe, certaines sont migratrices transsahariennes, d’autres migratrices partielles, d’autres enfin étant sédentaires. Un simulation de leurs réponses au réchauffement climatique montre que, selon les scénarios de réchauffement, les territoires de reproduction devraient remonter en moyenne de quelque 3.8 à 4.4° de latitude vers le nord, ce qui allongera de quelque 400 à 600 kilomètres les distances à parcourir pour les grands migrateurs, car les territoires d’hivernage devraient rester les mêmes. Cet allongement des distances à parcourir nécessite une augmentation de la masse nette de l’oiseau de l’ordre de 9 %, correspondant au surplus nécessaire de réserves énergétiques stockées sous forme de graisse car on sait qu’un petit passereau d’une quinzaine de grammes consomme à peu près 3,5 g de graisse pour parcourir 1 000 km. Ce surcoût implique donc de trouver davantage de nourriture lors des haltes migratoires, ce qui constitue un défi peut-être difficile à relever, d’où le déclin constaté des populations. Il se pourrait aussi que le déterminisme génétique des différentes composantes du comportement migratoire freine la vitesse d’adaptation aux nouvelles conditions imposées aux migrateurs.

Visuel haut de page : © Jonathan Lhoir / www.jonathanlhoir.com

Source : Oiseaux et changement global de Jacques Blondel, avec le photographe Jonathan Lhoir , paru aux éditions Quæ

Oiseaux et changement global

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