Santé des animaux de la filière bio VS filière industrielle

Bien que peu nombreux, les élevages bio se développent en France. Pour autant, la santé des animaux de la filière bio est-elle meilleure que celle des animaux de la filière industrielle ?

Un questionnement souvent posé aux chercheurs en santé animale est de savoir si les animaux de la filière Bio se portent mieux ou moins bien que les autres.

Les résultats d’études effectuées dans ce but sont mitigés. Par exemple, une enquête menée dans le Massif central en 2008 a indiqué qu’il n’y avait pas de différence de mortalité significative entre les élevages bio et les autres ; en revanche, les traitements médicamenteux étaient moins nombreux dans les premiers que dans les
seconds. On observe cependant que les élevages bio sont moins homogènes d’un point de vue sanitaire ; c’est principalement parce que leurs moyens sont plus divers. On constate aussi, globalement, que les animaux de la filière Bio sont un peu plus touchés que les autres par les maladies parasitaires mais un peu moins par les maladies virales. Dans un cas comme dans l’autre, l’hygiène des bâtiments et la circulation à l’air libre des animaux sont deux facteurs clés de bonne santé.

Les différences sont plus nettes en faveur « du bio » pour ce qui concerne les élevages d’animaux monogastriques (à un seul estomac, tandis que les ruminants
en ont plusieurs), tels que les porcs et les volailles. Il y a au moins deux raisons à cela : dans la filière industrielle, l’enfermement et la promiscuité des animaux favorisent les contaminations ; dans la filière Bio, les animaux sortent davantage et s’en trouvent plus vigoureux. D’une façon plus claire encore, ce surcroît d’espace et de vie extérieure est un facteur de bien-être. Et dans les exploitations les plus modestes en taille, les éleveurs ont davantage la possibilité d’apporter surveillance, soins individuels et compagnie à leurs animaux.

Selon certains spécialistes de santé animale — mais pas tous —, une lacune propre à la filière Bio serait plutôt le manque d’évaluation scientifique des produits
homéopathiques, des huiles essentielles et d’autres extraits végétaux qu’elle utilise abondamment. À la décharge de cette filière, il est possible que le lobbying des industries pharmaceutiques ne favorise pas le comblement de ce déficit.

L’idée selon laquelle la filière Bio présente des risques sanitaires nettement plus élevés que la filière classique n’est en tout cas pas bien étayée. Et même si elle l’était, la faible proportion des fermes bio en France (environ 6 % aujourd’hui) laisse supposer que les risques de large propagation de maladies à partir d’élevages bio restent très modérés. À plus forte raison, l’Autriche compte environ 25 % de tels élevages sans connaître de problèmes sanitaires plus aigus qu’ailleurs.

Source : Encore carnivores demain ? d’Olivier Néron de Surgy et Jocelyne Porcher, paru aux éditions Quæ

Extrait Encore carnivores demain ?

 

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