Photo d'une marée verte

Quelle est la plus grande marée verte au monde ?

Le titre peu envié de « plus grand site mondial de marée verte » a changé de titulaire au cours du siècle écoulé.

Bien qu’on ne dispose pas d’évaluation quantitative précise avant le dernier quart du XXe siècle, on peut raisonnablement penser que les scientifiques ont successivement focalisé leurs études sur les sites emblématiques de leur époque. On notera ainsi que la première description de prolifération anormale d’algues vertes a été faite au début du XXe siècle sur les vasières de la baie de Belfast, dans la zone de déversement des rejets urbains de la ville. On verra apparaître dans les années 70, les grandes lagunes méditerranéennes, pour lesquelles le terme de « marée » verte peut paraître inapproprié puisque ces lagunes sont le siège d’une marée astronomique très faible : le lac de Tunis, puis la lagune de Venise. Celle-ci, avec une biomasse de 600 000 tonnes de poids frais égoutté, évaluée dans les années 80, a sans doute gagné le titre de « plus grand site de prolifération d’algues vertes du monde » à la fin du XXe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                                      © Adriano Sfriso

Ce record de biomasse n’a pas duré en raison de l’augmentation du dragage ayant généré un obscurcissement de l’eau. Depuis 2007, la Chine a pris la première place, cette fois en mer ouverte, en raison de la modification soudaine par l’homme de la bande côtière de la mer Jaune méridionale, enrichie par le panache de dilution du Yang-tsé-Kiang. L’introduction de vastes supports de culture d’algues rouges sur un estran naturellement impropre à l’installation d’ulvacées a créé un habitat propice à la fixation des jeunes ulves. Ces dernières le quittent, après arrachage par les courants ou l’homme, pour continuer leur croissance sous forme dérivante en pleine eau. La séparation des lieux de germination (côte du Jiangsu), de croissance (mer Jaune) et d’échouage (Qingdao), a probablement magnifié les capacités de production du site, en minimisant l’auto-limitation en lumière et nutriments créée par le confinement de la biomasse en croissance sur un site moins vaste. La biomasse accumulée sur le rivage de Qingdao peut alors atteindre le million de tonnes de poids frais égoutté !

Visuel haut de page : Ramassage d’ulves échouées sur la plage de Saint-Michelen-Grève
© Claude Prigent (Le Télégramme)
 

Source : Les marées vertes d’Alain Ménesguen, paru aux éditions Quæ


Les marées vertes, couverture
 

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