penicillium

Les antibiotiques, ce n’est pas automatique

En utilisant des antibiotiques à des fins injustifiées, il peuvent devenir inefficaces.

« Les antibiotiques, ce n’est pas automatique ! » Tout le monde a un jour ou l’autre entendu ce slogan à la radio ou à la télévision. En 2000, le Canard Enchaîné titrait « Comme un hic sur les antibiotiques ! » Il poursuivait : « Victimes de leur réputation de médicament miracle, les antibiotiques sont prescrits à tort et à travers. Du coup, les bactéries font de la résistance et attaquent sec… »

Tout cela, on le sait, c’est une histoire de gène.

90 % de la résistance aux antibiotiques est portée par des plasmides, ces petits ADN extra-chromosomiques qui s’échangent si facilement au sein des biofilms. En exposant à outrance les bactéries aux antibiotiques à travers des prescriptions médicales injustifiées, mais aussi l’alimentation animale, des résistances ont été induites.

Ce problème a été porté sur la scène publique à la fin du XXe siècle. Il remonte bien entendu à avant.

Quelques exemples :

  • 1936. La bactérie Neisseria gonorrhoeae, responsable d’une maladie sexuellement transmissible, est sensible aux sulfamides.
  • 1946. La plupart des souches de Neissseria résistent aux sulfamides. Elles sont encore sensibles à la pénicilline.
  • 1962. Une souche résistante à la pénicilline est isolée en Extrême-Orient.
  • 1976. Elle est isolée aux États-Unis.
  • 1979. Et en France.Aujourd’hui, la propagation continue… Dans cet exemple, le transfert de résistance s’est fait entre des bactéries de la même espèce. Ce n’est pas toujours le cas.
  • 1959. Des Shigella dysenteriae sont responsables d’une épidémie de dysenterie au Japon. Elles sont résistantes aux sulfamides et à trois antibiotiques : la tétracycline, le chloramphénicol et la streptomycine.
  • 1968. Nouvelle épidémie de dysenterie, au Guatemala cette fois. 112 000 personnes sont atteintes, 12 500 meurent. Les shigelles incriminées présentent le même plasmide de multi-résistance que celles du Japon.
  • 1972. Ce sont des Salmonella Typhi qui ont récupéré le plasmide. Elles feront 100 000 malades et 14 000 morts lors d’une épidémie de fièvre typhoïde au Mexique.

Alors, les antibiotiques, ce n’est pas automatique ! Attention, ils restent néanmoins parfois nécessaires.

Source: Biofilms, quand les microbes s’organisent de Romain Briandet, Lise Fechner, Muriel Naïtali, Thierry Meylheuc et Catherine Dreanno, paru aux éditions Quæ

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