Les bactéries dans le microbiote intestinal

Vous ne le savez peut-être pas, mais nous avons autant de bactéries sur nous que de nos propres cellules. On estime en effet qu’un être humain de 70 kg héberge 38 000 milliards de bactéries, la plupart dans son tube digestif.

Nous portons tous un microbiote intestinal bien distinct de celui de notre voisin. Alors, notre microbiote serait-il aussi spécifique que nos empreintes digitales, par exemple (bien que déverrouiller son smartphone en utilisant cette propriété serait plus inconvenant) ? Eh bien non, car il change en permanence ! Pas en profondeur soit, mais il change en fonction de notre alimentation. Certains aliments vont favoriser le développement de certaines bactéries qui sont capables de les utiliser plus efficacement que d’autres (ce sont ces propriétés qui sont utilisées par les prébiotiques). Ainsi en suivant la fréquence des repas, la composition de notre microbiote change entre la nuit et le jour ! Il change, il change, mais il ne change pas non plus tout à fait. Sa composition nous est propre car elle est le fruit d’un long dialogue entre notre système immunitaire et les bactéries qui le composent. Un dialogue commencé peut-être même avant notre naissance !

Lors du dernier trimestre de grossesse, la barrière intes­tinale de la femme enceinte devient plus perméable et permet la fuite de quelques bactéries intestinales dans les sous-couches de l’intestin, vite rattrapées par la patrouille constituée par les cellules de notre système immunitaire. Celles-ci détruisent les bactéries en les découpant en petits morceaux qui pourront circuler dans le sang jusqu’au placenta et être ainsi présentés aux cellules immunitaires de bébé. Ce dernier pourrait ainsi faire connaissance avec les bactéries intestinales de maman, ce qui lui permettra après la naissance de faire le tri entre les « bonnes » bactéries (celles de maman, donc) et les indé­sirables (celles de tante Adèle, par exemple). Alors que l’intestin du nouveau-né est stérile, il va en effet dès la naissance être colonisé par les bactéries de sa mère (notamment celles présentes dans le vagin et sur la peau), puis par les différentes bactéries de sa nourriture (lait maternel) et de son environnement (et particulièrement les bactéries transmises par les innombrables bisous qui vont pleuvoir sur lui, dont ceux de tante Adèle).

Mais alors quid des enfants nés par césarienne ? Des études ont montré que le microbiote de ces nouveau-nés était en effet différent (au moins pour quelques semaines) de celui des bébés nés par voie basse. Ainsi certains ont recommandé l’usage du seeding lors des césariennes : un écouvillon vaginal chez la mère avec lequel on va badigeonner allègrement bébé afin de reproduire la colo­nisation par les bactéries vaginales de maman. Toutefois, les conséquences des césariennes à long terme sur le microbiote restent à déterminer, les études effectuées à ce jour présentant des résultats contradictoires.

 

Source : Les antibiotiques, c’est la panique ! d’Étienne Ruppé, paru aux éditions Quæ

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