Rencontre avec les calmars géants

Les calmars géants fascinent. Gigantesques et pourtant peu facile à rencontrer, les quelques personnes ayant déjà croisé leur route s’en souviennent…

De 1870 à 1881 • Des géants à Terre-Neuve…

Entre 1870 et 1881, une succession inexpliquée d’échouages — ou d’observations et rencontres à la surface de la mer — de calmars géants est enregistrée sur les côtes atlantiques de l’Amérique du Nord, notamment à Terre-Neuve (Canada). La plus célèbre de ces rencontres est celle de deux pêcheurs, Théophile Piccot et son fils Thomas, dans l’anse Conception à Terre-Neuve le 31 octobre 1873. Après une lutte acharnée, Thomas (puisque son père était « mort de peur ») réussit à récupérer un fragment de tentacule de 5,50 mètres d’un calmar géant qui avait « saisi » leur canot.

calmars géants
Calmar géant échoué à Lamaline (Terre-Neuve) en 1870

Le révérend Moses Harvey, un historien, naturaliste amateur et  collectionneur de curiosités de Saint-John (Terre-Neuve), publie en 1874 l’histoire de la bataille de Piccot et du tentacule récupéré dans l’article Seiches géantes de Terre-Neuve (Annales et Magazine d’histoire naturelle). Il est le premier à faire une description de ce tentacule, mais, faute de pouvoir imprimer la photographie qu’il a prise, il la reproduit dans une gravure sur bois.  Ce fragment de tentacule est envoyé à la Smithsonian Institution (Washington), où il fait l’objet d’une étude scientifique par le professeur Addison Emery Verrill.

Moses Harvey devient par la suite le collecteur de calmars géants échoués à Terre-Neuve. C’est ainsi qu’il acquiert le spécimen de Logy Bay. Les très longs bras et tentacules de cet animal récupéré sans la tête, sont disposés au-dessus d’une baignoire et photographiés. Harvey a également effectué d’autres photos de calmars géants, parfois capturés par les filets de pêche.

1896-2004 • Étranges rencontres

Le 23 juin 2003 paraît dans les médias la nouvelle qu’une masse gélatineuse de plus de 15 mètres de long et d’environ 13 tonnes s’est échouée sur la plage de Pinuno, plus de mille kilomètres au sud de Santiago du Chili.

Dès le début, cette masse est considérée par les pêcheurs et les gens de la région comme les restes d’un grand poulpe semblable au cadavre de 5,40 mètres de long, 2,10 mètres de large, 1 mètre de haut et estimé à 5 tonnes, échoué sur une plage près de Saint- Augustine sur les côtes de Floride le 30 novembre 1896. Des biologistes du Musée d’histoire naturelle de Santiago du Chili, avec à leur tête Sergio Letelier, peuvent examiner les restes, effectuer des mesures précises, et prélever des échantillons. Leur analyse révèle qu’il ne s’agit pas d’un céphalopode, mais d’une grande baleine, et plus probablement d’un cachalot qui a dû mourir en mer avant de s’échouer.

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Une des premières photographies d’un calmar géant capturé à Logy Bay, sur la côte de Terre-Neuve, le 25 novembre 1873

À la suite d’analyses ultérieures, l’identification d’Addison E. Verrill du « monstre de Floride » paraît en janvier 1897 dans American Journal of Science, dans laquelle il estime qu’il s’agit en effet d’un calmar géant Architeuthis plutôt qu’un poulpe. Plus tard, Verrill donne au monstre de Floride le nom scientifique d’Octopus giganteus, « le poulpe géant ». Toutefois, après avoir examiné les restes déposés à la Smithsonian Institution (Washington), conservés dans du formol, Verrill changea à nouveau d’avis sur la nature du monstre : « Cette structure ressemble à celle du lard de baleine (blubber) de certains cétacés. » Par la suite, le docteur Fréderic A. Lucas, conservateur d’anatomie comparée à l’U.S. National Museum, porta l’estocade en déclarant dans Science du 19 mars 1897 : « La substance ressemble à du blubber, elle sent le blubber, et c’est du blubber, ni plus ni moins. »

Source: Géants des profondeurs d’Angel Guerra, Michel Segonzac, paru aux éditions Quæ

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Les mers et océans réservent ainsi bien des surprises. Ici, ce sont les calmars géants. Mais parfois, il peut s’agir de vagues scélérates.

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