Les perturbateurs de notre comportement alimentaire

Notre comportement alimentaire peut-être mis en difficulté par différents facteurs qui influencent notre façon de nous alimenter.

L’omniprésence alimentaire (la disponibilité des aliments), le stress, l’ennui, l’inactivité, la sédentarité, la disparition des repas et de l’acte culinaire, les horaires décalés, les écrans, le déficit de sommeil, les diktats alimentaires, l’idéal minceur sont les principaux facteurs en cause car ils conduisent à ne plus tenir compte des signaux alimentaires.

L’omniprésence alimentaire conduit à sur-manger à temps et à contretemps en permanence en l’absence de vrai besoin. Pour autant, cette abondance alimentaire a d’abord été un bien, permettant de faire disparaître la sous-nutrition et les carences, sauf en cas de pauvreté où d’ailleurs excès et déficits peuvent coexister. Les conditions socioéconomiques accentuent les difficultés alimentaires puisque l’on sait que les aliments bon marché sont souvent plus caloriques. Cela dit, il est tout aussi possible de les intégrer dans une bonne alimentation.

Le stress fait, selon les sujets, manger plus ou manger moins. Mais il est établi qu’il fait manger plus les sujets en restriction (au régime par exemple). Car manger, notamment des aliments gras et sucrés, a un effet apaisant. Certains sujets plus vulnérables sont des mangeurs émotionnels, c’est-à-dire répondant à toute émotion par une prise alimentaire. Travailler sur la gestion et/ou sur l’accueil et l’acceptation des émotions est la seule piste, car interdire les aliments convoités renforce les phénomènes de compensation.

Combler l’ennui par une prise alimentaire est l’apanage de nombreux enfants ou adultes cantonnés entre leurs quatre murs. Il en est de même de l’inactivité, que l’on fait cesser par une activité plus ou moins machinale : l’acte alimentaire.

La sédentarité conduit à manger plus car elle s’oppose aux effets extraordinairement régulateurs de l’activité physique sur le comportement alimentaire. Certes, l’exercice physique fait aussi manger, mais en fonction d’un vrai besoin.

Le cocktail étonnant est celui cumulé de la sédentarité et des écrans. Les études ont clairement montré que les écrans, en présence d’aliments hyperpalatables (« très bons au palais »), et donc hyperstimulants, conduisent à ne plus tenir compte des signaux de faim et surtout de rassasiement. Les enfants qui regardent la télé et mangent « hyper gras » prennent beaucoup plus de poids que ceux qui mangent gras et ne regardent pas beaucoup la télé.

Cela va souvent de pair avec des heures de coucher tardives. Or, il est clair qu’entre 22 h 00 et 1 h 00 du matin on ne mange pas des radis et des carottes ! L’heure tardive du coucher est responsable, dans la majorité des cas, d’un déficit de sommeil qui est un facteur de surpoids comme cela a été démontré. En effet, ce déficit perturbe les hormones de la régulation de la prise alimentaire et accroît l’inactivité.

La disparition du repas, élément-clé de la séquence comportementale, conduit à ne plus savoir s’il faut manger et ce que l’on doit manger. Le cadre du repas est comme un guide, en raison de sa structure conventionnelle et culturelle. Manger à table, assis avec d’autres et pendant un certain temps, contribue considérablement à la régulation alimentaire.

Les horaires décalés, dont sont tributaires un nombre très élevé de nos contemporains, accentuent la perte des repères. C’est le cas du travail posté et encore plus du travail de nuit où le travailleur mange pour tenir le coup la nuit et sur le nycthémère (c’est-à-dire sur 24 heures) avec souvent un repas de plus que la moyenne.

Source: Le surpoids, c’est dans la tête ou dans l’assiette ? du Dr Jean-Michel Lecerf, paru aux éditions Quæ

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